Le train qui pense par lui-même : Comment un changement discret de logique pourrait redéfinir le transport urbain

Dans le monde des infrastructures urbaines, les révolutions ne s’annoncent que rarement. Elles n’arrivent ni avec des feux d’artifice ni avec des conférences de presse. Le plus souvent, elles se glissent discrètement, dissimulées dans une armoire de commande, bourdonnant sous le plancher d’un train, ou enfouies dans une ligne de code qui change tout.

C’est ce qui rend l’Urbalis Fluence d’Alstom si fascinant. Il ne ressemble pas à une révolution. Mais il pourrait bien en être une.

Valérie Lefebvre est vice-présidente de la signalisation urbaine chez Alstom, où elle aide les villes à maintenir la résilience, la disponibilité et la modernité de leurs métros. Son travail se déroule souvent en coulisses, mais il touche des millions de trajets quotidiens — en veillant à ce que les trains soient ponctuels, que les systèmes restent sécurisés et que les transports publics suivent le rythme de la croissance urbaine. Elle est également une fervente défenseuse de la diversité et de l’inclusion, œuvrant pour promouvoir les femmes dans les postes de direction technique dans le secteur de la mobilité.

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À première vue, ce n’est qu’un système de signalisation de plus, un acronyme de plus dans la soupe alphabet de la technologie ferroviaire. CBTC : Communication-Based Train Control (commande des trains basée sur les communications). Mais en y regardant de plus près, on découvre quelque chose de discrètement radical. Urbalis Fluence n’améliore pas seulement la manière dont les trains sont contrôlés. Il change qui — ou quoi — exerce ce contrôle.

Et ce basculement, du rail vers le train, pourrait bien être l’évolution la plus importante pour les métros depuis l’invention du troisième rail, ou depuis la première fois qu’un train est parti sans conducteur.

"Pour comprendre ce qui rend Urbalis Fluence différent, il faut d’abord comprendre comment fonctionnent la plupart des systèmes de métro."

Valérie Lefèbvre
VP Urban Signalling, Alstom

Le renversement de logique

Pendant des décennies, les trains ont été des acteurs passifs dans un système centralisé. Ils attendent des instructions provenant d’équipements situés le long des voies : signaux, capteurs, enclenchements, avant de pouvoir avancer. C’est un système qui fonctionne, mais il est lent, rigide et coûteux à entretenir.

Urbalis Fluence renverse cette logique. Au lieu de s’appuyer sur la voie pour dire au train quoi faire, l’intelligence est embarquée à bord. Les trains communiquent entre eux. Ils prennent des décisions en temps réel. Ils s’adaptent. C’est un peu comme le passage du téléphone fixe au smartphone. L’infrastructure ne disparaît pas, elle devient simplement plus intelligente, plus distribuée, et infiniment plus flexible.

Si cela vous semble abstrait, pensez à l’USB-C. Pendant des années, brancher un câble USB relevait du rituel frustrant. Mauvais côté. On retourne. Toujours pas. On retourne encore. Puis est arrivé l’USB-C : réversible, universel, et discrètement génial. Urbalis Fluence, c’est l’USB-C de la signalisation ferroviaire. Il ne crie pas l’innovation. Mais il résout un problème avec une telle élégance que, une fois qu’on l’a vu, on se demande pourquoi cela n’a pas toujours été ainsi.

  • 60
    Des intervalles de temps inférieurs jusqu'à 60 secondes
  • 20%
    Réduction de 20 % des équipements de bord de voie
  • 30%
    Réduction de 30 % de la consommation d'énergie
  • Métro de Lille, France

    Métro de Lille, France

    Inauguré en 1983, le métro de Lille a été l'un des premiers systèmes de métro sans conducteur entièrement automatisés au monde. Pour soutenir son évolution continue, la ligne 1 a été modernisée pour assurer la compatibilité d'une flotte mixte composée d'anciens trains de 26 mètres et de nouveaux trains de 52 mètres, afin d'améliorer l'automatisation et d'augmenter la capacité.

  • Métro ligne 1 Turin, Italie

    En 2022, Alstom a remporté un contrat clé en main portant sur la modernisation de 58 trains et la fourniture de 14 nouveaux trains équipés de son système CBTC pour la ligne 1 du métro de Turin. Cette modernisation permettra d'améliorer la sécurité, la capacité et l'efficacité, au bénéfice des déplacements quotidiens des habitants de Turin dans 27 stations.

  • Ligne de métro U5 Hambourg, Allemagne

    Ligne de métro U5 Hambourg, Allemagne

    Urbalis Fluence sera déployé sur 25 km de la nouvelle ligne de métro U5. Elle permettra un fonctionnement entièrement automatisé et sans conducteur à des intervalles de 90 secondes. Elle améliorera la connectivité et l'accessibilité pour 270 000 passagers par jour.

Le système est déjà en service et pourrait potentiellement fonctionner toutes les 60 secondes — un intervalle serré qui est bien plus qu’un simple chiffre. C’est un changement dans la manière dont une ville respire.

Des trains plus fréquents signifient moins de voitures. Moins d’attente. Moins de foule. Plus de temps à la maison, au travail, ou n’importe où ailleurs que coincé sur un quai. Et ce n’est pas seulement une question de vitesse. Urbalis Fluence est conçu pour gérer les imprévus de la vie réelle. Si un train tombe en panne, les autres se réorganisent. Si la communication est interrompue, le système ne panique pas. Il s’adapte. Il continue d’avancer.

Ce type de résilience n’est pas spectaculaire. Mais dans un monde où les infrastructures vieillissent et où la pression climatique augmente, c’est essentiel.

Ingénierie de la mobilité verte

Il y a une autre dimension à cette histoire : l’énergie. Urbalis Fluence n’est pas seulement plus intelligent — il est aussi plus écologique. En optimisant les mouvements des trains et en réduisant les freinages inutiles, il permet de diminuer la consommation d’énergie jusqu’à 30 %. Il réduit également la quantité d’équipements en bord de voie, ce qui signifie moins d’acier, moins de câbles et moins de béton.

À Hambourg, où le système est déployé sur la nouvelle ligne U5, les trains circuleront sans conducteur toutes les 90 secondes. Ce n’est pas seulement un gain d’efficacité, c’est aussi une victoire pour la planète.

"Les ingénieurs d’Alstom ne cherchaient pas à construire un train plus intelligent. Ils voulaient résoudre un problème : comment transporter plus de personnes, de manière plus fiable, avec un impact moindre."

Valérie Lefèbvre

Mais peut-être que le plus intéressant dans cette histoire, ce n’est pas la technologie. Ce sont les personnes qui la rendent possible.

Les ingénieurs d’Alstom ne cherchaient pas à construire un train plus intelligent. Ils voulaient résoudre un problème : transporter plus de personnes, de manière plus fiable, avec un impact réduit. Et ils y sont parvenus non pas en ajoutant de la complexité, mais en la supprimant — en se demandant ce qui se passerait si le train lui-même devenait le cerveau.

C’est un rappel que l’innovation ne passe pas toujours par la rupture. Parfois, elle naît de la clarté. De la capacité à voir un système non pas tel qu’il est, mais tel qu’il pourrait être.

Urbalis Fluence repose sur des villes prêtes à investir dans une vision à long terme. Mais il offre un aperçu de ce qui devient possible lorsque l’on cesse d’accepter le statu quo et que l’on commence à poser de meilleures questions.

Et si les trains pouvaient réfléchir ?
Et si les infrastructures pouvaient s’adapter ?
Et si l’avenir de la mobilité ne reposait pas sur le « plus », mais sur le « plus intelligent » ?

Dans un monde obsédé par les grandes révolutions, Urbalis Fluence est quelque chose de plus rare : un changement de logique, ancré dans le réel, élégant — et qui pourrait bien tout transformer.

Et comme toutes les meilleures idées, il se cache à la vue de tous — transportant des millions de personnes, discrètement, un train après l’autre.